Mais cette inégalité économique repose également sur des discriminations si ancrées dans notre société, si transversales que beaucoup préfèrent fermer les yeux plutôt que de les attaquer de front.

L’inégalité salariale par exemple, où les femmes continuent de percevoir des rentes inférieures d’un tiers à celles des hommes, est une réalité qui perdure. Et au lieu de combattre ce fléau, la nouvelle révision de la loi sur la stabilisation des retraites, la réforme AVS 21, propose comme mesure phare, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, passant de 64 à 65 ans. L’ambition et le courage auraient dû être de reconnaître le travail non rémunéré assuré par les femmes et de leur accorder plus d’égalité dans les lieux de pouvoir économiques ou politiques.

Si les femmes qui sont une majorité de la population sont déjà si souvent lésées, imaginez aussi les autres minorités qui elles subissent ce système de domination et donc de précarisation.

Quelles qu’elles soient, les discriminations, n’ont pas leur place dans notre société. Il s’agit donc, sans attendre, de mettre fin aux rapports de domination de toutes sortes, qu’ils soient fondés sur le genre, sur l’origine, sur la nationalité, sur le parcours migratoire, sur l’orientation sexuelle et affective, sur l’identité de genre, sur la classe, sur la situation socio-économique, sur l’état de santé, sur la situation de handicap ou sur l’âge.

Les stéréotypes, préjugés, discriminations et violences basées sur chacun de ces critères peuvent également s’articuler avec tous les autres pour former des discriminations multiples. Et ces discriminations, au lieu de simplement s’additionner, se renforcent souvent les unes les autres, en particulier pour les personnes en situation de précarité ou de vulnérabilité, pour lesquelles les conséquences sont encore plus lourdes ou difficiles. Un exemple ? Étre une femme dans notre pays vous soumettra déjà à une forme d’inégalité. Être une personne noire vous fera prendre conscience dès le plus jeune âge du racisme systémique de notre pays. Si vous cumulez les deux, votre vie en Suisse sera bien plus difficile que celle de la majorité de la population.

L’égalité des chances, les droits des minorités, des opprimé-e-s et des plus vulnérables doivent être au cœur de notre démocratie et au cours de nos combats politiques. Ce n’est ni une question de génération, ni une question idéologique. C’est une question de solidarité. Nous n’en pouvons plus d’entendre ce discours habituel de celles et ceux qui ne veulent pas changer ces rapports de force, et qui nous disent que les bonnes volontés suffisent. Que l’économie s’auto-régulera toute seule. Que l’égalité apparaîtra toute seule d’ici quelques générations.

C’est faux.

Une société pluraliste ne peut fonctionner que si elle est fondée sur une Etat fort qui corrige ces inégalités, un État de droit qui fait respecter ses lois et sa constitution.

Alors restons debout ce 1er mai, pour lutter contre toutes les formes de discriminations et de domination. Décloisonnons ce débat, émancipons-nous de certains mots qui emprisonnent plus qu’ils ne libèrent, des mots qui chargent plus qu’ils n’éclairent. Et restons solidaires.