La Suisse face au défi climatique a choisi son camp. Et ce n’est pas le bon !
La COP28 à Dubaï a révélé une fois de plus les contradictions de la politique climatique suisse. La signature par le conseiller fédéral Albert Rösti d’accords bilatéraux avec le Chili et la Tunisie est certes un pas vers une coopération internationale accrue, mais soulève surtout des questions sur l’engagement réel de la Suisse dans la réduction de ses propres émissions de CO2. Comptabiliser les réductions d’émissions réalisées à l’étranger dans notre bilan national s’apparente en réalité à un simple transfert de responsabilités plutôt qu’à une action concrète et locale. Cette approche n’est pas sans rappeler la gestion des déchets plastiques – non PET – envoyés à l’étranger, où l’Europe tout entière externalise ses problèmes sur d’autres continents plutôt que de les résoudre sur son territoire.
Dotée de ressources financières considérables, la Suisse opte pour payer d’autres pays au lieu de devenir un modèle en matière de transition des énergies fossiles. Cette stratégie est d’autant plus étonnante au vu du potentiel de notre pays à innover sur le plan économique. Jusqu’à présent, l’urgence climatique a été vue par notre pays comme une externalité négative, et jamais comme un champ d’opportunités en termes d’emploi, de transition économique et de qualité de vie. Incompréhensible !
La sortie de la Suisse de la « High Ambition Coalition » lors de la COP28 est également alarmante. Pour Les Vert·e·s, ce retrait est en contradiction flagrante avec la vision des Vert·e·s d’une Suisse ambitieuse en matière de lutte contre le changement climatique. De plus, notre réponse à l’urgence climatique, considérée comme modeste et en recul d’après le dernier classement de Greenpeace, montre que la Suisse n’est pas à la hauteur des enjeux actuels, elle qui arrive en 21ème place.
L’argent, bien que nécessaire dans cette transition, ne pourra jamais remplacer nos glaciers et nos forêts qui disparaissent, notre biodiversité qui s’éteint, ni nous protéger des futures catastrophes liées au bouleversement climatique. L’attitude de l’UDC, un parti nostalgique d’une « Suisse d’antan », et l’inaction climatique d’Albert Rösti, un de ses membres au gouvernement, emmènent la Suisse tout droit vers le climat des Pouilles d’ici 50 ans. Pour ce retour aux sources tant voulu par l’UDC, on reviendra… !
Mais tout n’est pas de la faute du Conseil fédéral. Le parlement suisse doit également jouer un rôle actif. Les premiers pas de la législature actuelle, avec sa majorité toute puissante de droite, ne sont pas là pour nous rassurer : préférer investir 35’000 millions de plus dans les autoroutes et tourner le dos à 400 millions pour les trains de nuit ou encore rejeter le contre-projet à l’initiative biodiversité.
La déception suscitée par la participation suisse à la COP28 souligne un retard grandissant par rapport aux autres pays européens qui eux progressent. Les Vert·e·s exigent une réévaluation immédiate de notre positionnement. La Suisse doit s’engager dans des initiatives internationales tout en prenant des mesures claires au niveau national. Notre engagement pour le climat doit être à la fois global et local, ambitieux et pragmatique, pour répondre enfin à l’urgence climatique.