Les herbicides, notamment le glyphosate, utilisés dans l’agriculture, la viticulture, l’arboriculture ou à titre privé, directement sur les plantes en fleurs posent de nombreux problèmes, en particulier pour les abeilles et autres pollinisateurs qui se nourrissent du nectar et du pollen de ces fleurs. Les dommages associés à cette pratique conduisent à l’affaiblissement des insectes et à la contamination du miel.

Comme les cas documentés en Suisse le montrent, les herbicides peuvent ainsi se retrouver dans le miel destiné à la consommation humaine. Ainsi en réponse au postulat 15.4084 de la Commission de la Science et de la recherche, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a publié un rapport qui démontrait que 15 miels sur 16 présentaient de très faibles résidus de glyphosate. Toutefois, plusieurs cas de contamination excédant les normes de 0,5 mg de glyphosate par kg en production conventionnelle et 0,3 mg/kg en production Bio-Suisse, Bio Bourgeon ou Demeter ont été récemment constatés par les apiculteurs à la suite de la pulvérisation de glyphosate sur des prairies de pissenlit en fleurs. Ces miels ont donc dû être détruits ou déclassifiés du label correspondant.

Pour rappel, le glyphosate a été classé comme cancérigène probable par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2017, seule instance indépendante à s’être prononcée sur ce produit. Sous la pression du lobby agricole et de l’industrie chimique, les instances européennes refusent encore de le considérer comme tel.

Interpellée, en 2021 par apisuisse (association faîtière des sociétés d’apiculture de Suisse), la direction de l’Office de l’agriculture (OFAG) relève que la pulvérisation d’herbicides sur des prairies en fleurs en présence de pollinisateurs est exclue des bonnes pratiques en agriculture et ne présente, de plus, aucun intérêt agronomique. A ce jour, aucun contrôle de ces bonnes pratiques n’est effectué. De plus les démarches promises par l’OFAG afin de faire figurer des recommandations en ce sens sur les emballages des produits concernés sont restées lettre morte.