La consommation énergétique par habitant.e diminue chaque année. La raison principale est l’augmentation de la température qui entraîne une baisse de la demande en chauffage. Les progrès techniques et les mesures politiques ont toutefois aussi sensiblement contribué à cette diminution mais la population continue d’augmenter et avec elle la quantité totale d’énergie consommée. D’après le rapport de monitoring 2020 de l’OFEN concernant la Stratégie énergétique 2050 et selon la loi sur l’énergie, la consommation énergétique par habitant a diminué 19,1% par rapport à 2000. À l’avenir, la consommation énergétique finale par habitant.e, devra baisser en moyenne de 2,2% par an pour atteindre la valeur indicative prévue pour 2035.

Pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone il faut atteindre et dépasser ces valeurs indicatives : qui incite les consommateurs à consommer moins ? Consommer moins ou autrement, c’est possible sans remettre en cause le confort. C’est d’abord « comprendre » pour ensuite « faire », pas par pas, chez soi : adopter des gestes éco-compatibles, changer ses ampoules, des machines énergivores, mettre des réducteurs de débit sur les robinets. Au niveau des collectivités, c’est encourager les autorités à travaillant sur les équipements et les installations.

Le Conseil fédéral est chargé de créer une plateforme pour des programmes d’économie d’énergie à l’attention des cantons et de leur service industriel de manière à échanger les méthodologies utilisées, les actions menées, les mesures prises et d’associer une base de financement pour le développement de ces programmes.

Les Services industriels de Genève SIG sont des pionniers en la matière avec leur programme d’économie d’énergie entretenu gracieusement depuis plus de 10 ans : ECO 21 a déjà dépassé une économie de 205 gigawattheure par an dans ce canton à 500’000 résidents, soit l’équivalent de la consommation de près de 70’000 ménages. C’est aussi 35 millions de francs économisés pour les ménages, 253’000 tonnes de CO2 évitées, soit l’équivalent de 16 mois d’émission du parc automobile cantonal, 117 millions de francs investis dans l’économie locale et 552 emplois créés en Suisse.

Mon intervention au Conseil national

« L’énergie la plus verte est celle que l’on ne consomme pas. Pour la généralisation en Suisse de programmes d’économie d’énergie ». Le titre de ma motion n’est pas seulement évocateur, il mène la Suisse sur les rails des économies d’énergie.

La guerre en Ukraine met en lumière la dépendance problématique de la Suisse vis-à-vis du pétrole, bien sûr, mais du gaz aussi de manière générale. Il n’y a aucun doute, la sécurité de notre approvisionnement, de la disponibilité des flux au contrôle des prix, passera par notre souveraineté énergétique.
Mais qu’est-ce que c’est notre souveraineté énergétique? C’est évidemment l’investissement massif dans les énergies renouvelables, avec l’accent mis sur l’énergie solaire dont le potentiel est encore immense et sous-exploité, mais c’est aussi l’engagement de la Suisse dans les économies d’énergie; là aussi, le potentiel est immense et encore sous-exploité.

Le kilowattheure le moins cher et le plus écologique est celui qui n’est pas consommé, cela semble couler de source. La sécurité d’approvisionnement ne signifie pas produire toujours plus, mais lutter contre le gaspillage d’énergie. Cette question est centrale pour notre sécurité. Si nous avons plus ou moins réussi à faire de la question du gaspillage alimentaire une thématique certes encore pas réglée mais une thématique quand même, la lutte contre le gaspillage énergétique devrait aujourd’hui être un des piliers de notre stratégie d’approvisionnement énergétique. C’est essentiel.

Réduire notre consommation est indispensable pour préserver notre climat en sortant des énergies fossiles, mais aussi pour mettre fin à notre dépendance vis-à-vis de régimes autoritaires sur lesquels nous n’avons aucune prise, bafouant le droit international et les droits humains. C’est une opportunité économique, bien sûr, parce que cela crée de l’emploi localement et cela réduit la facture des consommateurs et des consommatrices ainsi que celle des entreprises. C’est évidemment, pour les Verts, la clé pour réaliser l’indispensable transition à des coûts abordables.

Selon certaines études, le gaspillage représenterait un tiers de notre consommation électrique. Cela correspond à la production annuelle de toutes les centrales nucléaires en Suisse!

Il faut désormais passer à la vitesse supérieure pour atteindre nos objectifs climatiques et garantir la sécurité de l’approvisionnement, avec un plan ambitieux qui garantisse à la fois une prévisibilité et un soutien à tous les acteurs – et actrices – concernés. Alors oui, la présente motion, que nous avons sous les yeux, nous donne une solution clés en mains, en s’inspirant d’un modèle qui est très concret et qui a fait ses preuves, qui est le programme d’économie d’énergie Eco21 mis en place par les Services industriels de Genève, qui a permis d’économiser l’équivalent de la consommation électrique de près de de 70 000 ménages. Si l’on veut avoir une comparaison de ce que représentent 70 000 ménages, eh bien, c’est à peu près le nombre de ménages de la ville de Berne, un petit peu plus. Des gisements d’efficacité existent dans les ménages. On a ici un immense potentiel, dans les collectivités publiques aussi et dans de nombreuses entreprises. Souvent, on n’est pas au courant de la façon de faire, de savoir où économiser. On a besoin d’être accompagné. Ces programmes nous donnent des solutions pérennes.

Cette motion charge le Conseil fédéral de « créer une plateforme pour des programmes d’économie d’énergie à l’attention des cantons et de leur service industriel de manière à échanger les méthodologies », des bonnes pratiques, de manière à ne pas réinventer la roue, mais bien à faire des programmes qui servent la population, qui servent aux ménages, mais qui servent aussi aux collectivités publiques et qui servent aux entreprises. Nous avons besoin de ce type d’outil pour faire franchement progresser les économies d’énergie. C’est une amélioration centrale de la sécurité énergétique, rapidement mise en place et efficace sur le champ.