Lire mon intervention du 14 septembre 2020 ci-dessous:

Le programme de législature a l’avantage de dresser en un clin d’œil les 3 années et demie qui nous attendent. C’est le calendrier du Conseil fédéral, ses priorités, ses intentions, ses positions. Ce sont en tout 64 mesures déclinées en 22 articles.

Pour le groupe des Verts ce programme présente plusieurs lacunes, elles sont liées au champ de l’égalité ou de l’asile. L’urgence climatique n’y est pas décrétée et les programmes de santé et économiques ne répondent pas à la crise sanitaire. Peu d’ambition également du côté des énergies renouvelables, des pesticides dans le cadre de la PA22 ou de la mobilité douce, inexistante malgré l’arrêté fédéral vélo ou encore concernant la numérisation dans une optique d’économie des ressources. Pas grand-chose non plus ou presque du côté de la formation, du service civil ou de la solidarité internationale.

Il manque de manière générale une vision sur l’ensemble de la législature qui tienne compte de l’équilibre social, écologique et économique. Il serait pourtant simple de pallier la plupart des carences. Et le Conseil fédéral peut encore le faire en retravaillant sa copie. Nous avons tenté en commission d’améliorer le projet, et avons dressé pas loin de 21 minorités, avec des formules directes, intégrant les plus démunis, des perspectives dans le domaine des énergies renouvelable, la sortie du fossile ou la gestion et la protection de l’eau, un bien si précieux.

La thématique du climat est abordée en quatre mesures, en fin d’arrêté, à l’article 18. Si l’adoption de la stratégie pour le développement durable, l’établissement d’une stratégie climatique ou la mise en œuvre de la loi CO2 sont évidemment justes, il faut aller beaucoup plus loin et notamment considérer aussi l’empreinte écologique de la Suisse à l’étranger et les investissements de la place financière dans le fossile.

Du côté de l’égalité, le Conseil fédéral se contente d’une simple stratégie et d’une seule mesure sur les 64 déclinées. Si nous avons réussi à inclure un plan d’action de réduction de la violence envers les femmes et de la violence domestique, avec un objectif de 50% en quatre ans, ainsi qu’un message sur la conciliation entre vie de famille et vie professionnelle. Rien d’acquis contre les discriminations, contre la pauvreté ou concernant l’introduction d’un congé parental.

La biodiversité continue de décliner, avec plus d’un tiers des espèces en voie de disparition. Bien que la production d’énergie éolienne et solaire ait triplé, elle est encore beaucoup trop faible, à 6 %. Et malgré le réchauffement climatique, la mobilité motorisée a augmenté de 18 %, ce qui, dans le secteur des transports (le plus grand émetteur de CO2 en Suisse), a même entraîné une augmentation plutôt qu’une diminution des émissions de CO2. Et bien que nous ayons déjà une empreinte écologique de 2,8 et que nous vivions donc au-dessus de nos moyens, la consommation en Suisse a augmenté ces dernières années, deux fois plus vite que la croissance démographique.

Nous pourrions nous rassurer des quelques améliorations que nous avons obtenues concernant le développement durable, le financement Erasmus, ou un plan d’action pour les soins. Mais non, ce n’est pas assez.

Ce programme n’est pas la hauteur des urgences. Urgence climatique. Urgence sociale. Urgence sanitaire.
Pour toutes ces raisons, nous vous invitons à renvoyer ce programme au Conseil fédéral pour qu’il revoit sa copie !