Dans le cas du Léman, près de la moitié des 156 kilomètres du pourtour du lac n’est pas accessible au public. Ce taux monte à 75 pour cent sur la Côte, dans le canton de Vaud. A Genève, 60 pour cent des berges sont inaccessibles: ce sont des terrains privés, des villas, des demeures avec de grands terrains, des ambassades, parfois des missions internationales. Pourtant la Constitution genevoise elle-même précise que « l’Etat assure un libre accès aux rives du lac et des cours d’eau dans le respect de l’environnement et des intérêts publics et privés prépondérants. »

Une initiative cantonale est en discussion au Grand Conseil genevois et met en lumière que très souvent des murets ont été construits de manière illégale le long du lac. L’administration évoque les difficultés de mise en oeuvre, parce qu’il s’agit de biens devenus privatifs et qu’un cadre légal plus contraignant permettrait de régler la question. Il est important de retenir le fait qu’un cadre légal plus contraignant aiderait les cantons à régler la question, comme c’est le cas par exemple en France où la loi stipule clairement que le libre accès aux piétons doit être de 3,5 mètres. L’impact est d’ailleurs direct: les rives françaises sont beaucoup plus publiques.

Et même si dans le canton de Neuchâtel par exemple l’accès public aux rives du lac se situe à 80 pour cent, la problématique reste entière.
Le lac est un bien public et l’eau et la rive ne peuvent être privatisées. Les lacs font partie de la construction de notre identité et sont des biens collectifs.
Comparons un instant avec la situation des forêts. En Suisse, environ 75 pour cent des forêts sont en main publique et les surfaces forestières privées restantes sont pour la plupart accessibles au public.

Pourquoi n’en est-il pas de même pour les rives des lacs? Il suffirait souvent seulement d’aménager un chemin étroit entre le terrain et l’eau.

Alors oui, donnons suite à cette initiative parlementaire et adaptons les lois, la loi sur l’aménagement du territoire, par exemple, ou la loi cantonale vaudoise sur le marchepied le long des lacs et sur les plans riverains ou d’autres encore; et travaillons étroitement avec les associations environnementales, comme Pro Natura ou le WWF, de manière à ce que ces espaces deviennent publics, mais évidemment qu’ils restent aussi des lieux de nature préservée.

L’été approche et si nous voulons valoriser des loisirs de proximité, libérons les rives. Elles sont aujourd’hui surpeuplées, en particulier dans les agglomérations, parce que seul un tiers d’entre elles sont accessibles. Trouvez-vous normal que les deux tiers de ces rives soient en mains privées et souvent en toute illégalité? Prenons l’exemple des lois sur le littoral et les sentier maritimes, que nous adorons à travers l’Europe, et faisons aujourd’hui ce pas ici, chez nous, en Suisse.