Texte paru dans Le Temps du 21 juin 2025

La déclaration signée entre le conseiller fédéral Albert Rösti et la secrétaire d’Etat britannique aux Transports, Heidi Alexander, en vue d’une future liaison ferroviaire directe entre la Suisse et Londres constitue un signal encourageant. Tardif, mais encourageant. Tardif, car cette demande remonte à plusieurs années déjà. Mais encourageante, car elle répond à des attentes de la population face à la crise climatique et à la saturation actuelle du trafic aérien: Londres est la destination numéro 1 du top 10 des vols au départ de Genève. Un comble, quand on sait qu’un trajet direct en train pourrait être tout à fait efficace – 5 heures 30 entre Genève et Londres – et peu émetteur de CO2 – les aéroports londoniens étant encombrés et presque tous éloignés du centre-ville.

Pendant ce temps, des liaisons internationales existantes avec nos plus proches voisins s’effritent. La ligne du Simplon, qui relie la Suisse occidentale à Milan et donc au reste de l’Italie, se détériore: moins de trains, longues fermetures estivales, dégradation continue du service. A Domodossola, l’association OuestRail a d’ailleurs lancé la semaine dernière un appel: cette liaison transalpine doit à tout prix être modernisée. Si elle est cruciale pour le trafic des voyageurs, elle est tout aussi importante pour le trafic des marchandises en direction des terminaux de Novara, Gallarate et de Busto Arsizio, ainsi que des ports de Gênes et Savone.

Rejouer le rôle de carrefour européen

La position centrale de la Suisse en Europe est un véritable atout stratégique. Une politique du rail international, pensée à long terme, est indispensable. Cette vision doit inclure toutes les régions du pays, renforcer les connexions avec les grandes agglomérations européennes. Genève doit être à 1 heure de Lyon et à 2 heures 30 de Paris, Lausanne à moins de 3 heures de Milan. Des chiffres lancés au hasard? Non. Ce sont des promesses formulées depuis des décennies, intégrées dans des plans d’aménagement, des discours politiques, des stratégies de mobilité ou même des travaux entamés toujours pas aboutis.

La Suisse a longtemps été pionnière dans le rail. Notre longue histoire ferroviaire plaide pour un retour à ce rôle de carrefour européen qui nous a tant réussi par le passé. Mais cela implique, de la part du Conseil fédéral et du parlement – et des CFF bien entendu – une vision politique plus ambitieuse encore. La motion 24.4104, déposée avec le soutien de parlementaires de plusieurs partis, devrait être bientôt traitée au Conseil national. Elle réouvre la loi fédérale sur le raccordement de la Suisse au réseau européen des trains rapides, maximisant ainsi le potentiel des connexions ferroviaires internationales encore sous-exploitées tout en mettant l’accent sur l’amélioration des liaisons transfrontalières, actuellement marquées par des infrastructures vétustes et une offre insuffisante.