Dans une motion déposée le 21 mars 2025, la conseillère nationale Nina Fehr Düsel demande au Conseil fédéral d’«étudier la possibilité de réintroduire une vignette vélo afin de financer une partie de l’infrastructure routière (pour les voies cyclables).» En décembre 2024, la conseillère nationale avait déjà dévoilé ses intentions. Le conseiller fédéral Albert Rösti lui avait rappelé que «le Conseil fédéral ne voit actuellement aucune nécessité de réintroduire la vignette vélo.»

Servant d’assurance responsabilité civile, l’ancienne vignette avait en effet été abolie en 2012 en raison, notamment, de ses coûts administratifs. Aujourd’hui, les assurances privées couvrent largement le besoin en assurance des personnes se déplaçant à vélo. La réintroduction d’une vignette obligatoire n’ira pas sans énormes coûts administratifs, ce qui n’est guère compatible avec les programmes d’économies en cours.

Mais surtout, vouloir faire passer les cyclistes à la caisse repose sur l’idée que, contrairement aux automobilistes, les usagers et usagères de la bicyclette ne financent pas leurs infrastructures. «C’est totalement faux: les cyclistes pédalent principalement sur des routes communales et cantonales, dont les coûts sont en grande partie couverts par les recettes fiscales. Or, comme tout citoyen·ne, les cyclistes payent des impôts», rappelle la présidente.

La Confédération peut néanmoins également financer certaines infrastructures cyclables. Dans sa réponse à une motion UDC (22.3295, retirée), le Conseil fédéral ce soutien subsidiaire par le fait qu’«en définitive, tous les usagers de la route – en particulier les automobiles et les poids lourds – profitent de voies cyclables sûres et attrayantes ainsi que du désenchevêtrement du trafic qu’elles entraînent

La Confédération consacre actuellement environ 2% de ses dépenses de transport aux infrastructures cyclables. Après le refus populaire d’élargir les autoroutes, en votation le 24 novembre dernier, le financement des transports doit être revu. Le conseiller fédéral Albert Rösti s’y est attelé avec son projet «Transports 45». Pour tenir compte de la volonté populaire et de la nécessité de mettre en œuvre, dans les délais légaux, le Loi sur les voies cyclables (LVC), elle-même résultant d’une votation populaire ayant plébiscité le vélo, PRO VELO demande des fonds fédéraux supplémentaires pour les infrastructures cyclables. Une des solutions possibles: la part pouvant être affectée aux programmes d’agglomération, ceux-là mêmes qui concernent le vélo, doit au moins être doublée. 

En outre, le vélo rapporte environ 25 centimes par kilomètre à la collectivité, comme le montre le dernier rapport de l’Office fédéral du territoire (ARE) sur les coûts externes du trafic. La voiture motorisée individuelle coûte en revanche 17 centimes à la société.

«Dans sa feuille de route Vélo, l’OFROU lui-même entend doubler le nombre de trajets effectués à vélo d’ici 2035», souligne Delphine Klopfenstein Broggini. Tout obstacle à la mobilité cycliste remet en cause cet objectif. Les mobilités douces, parmi lesquelles le vélo, et ses multiples variantes permettant le transport ou la rapidité, sont appelées à jouer un rôle crucial pour désengorger le trafic motorisé, pour garantir le tournant climatique tout en protégeant la santé de la population.»