[Face à Face – Tribune de Genève] 5,3 milliards pour du trafic en plus?
Le 24 novembre, le peuple suisse sera appelé à voter sur le financement et l’extension des autoroutes. Un projet estimé au bas mot à 5,3 milliards de francs. Le Conseil fédéral lui-même reconnaît d’ailleurs que ce projet coûtera bien plus que les milliards annoncés. Derrière les chiffres officiels se cachent des coûts indirects importants dont on ne parle pas assez: pollution de l’air, émissions de CO2, nuisances sonores et impact sur la santé.
Le rapport 2021 sur les coûts externes des transports, enfin rendu public, estime déjà à 26 milliards de francs par an ces impacts sur notre société. Étendre le réseau autoroutier ne fera qu’aggraver cette facture déjà très salée.
Cet investissement n’est pas seulement extrêmement coûteux, il est aussi néfaste pour le climat et totalement passéiste. C’est une erreur stratégique en termes de mobilité, puisque l’on sait que ce développement ne fera qu’augmenter le trafic motorisé ailleurs, le nombre de voies restant inchangé dans les villes et villages de notre pays. Il s’agit aussi d’un report de charges financières, car ce seront bel et bien les cantons et les communes qui paieront en partie la facture et devront gérer toutes les externalités négatives liées à ce trafic supplémentaire.
5,3 milliards pour aller à l’encontre de nos objectifs climatiques n’a aucun sens. Depuis 1990, les tarifs des transports publics ont doublé, tandis que les coûts liés à la voiture sont restés stables. Une aberration! Les investissements dans le domaine ferroviaire et des transports publics peinent à suivre, alors que les 5,3 milliards en faveur de la voiture semblent avoir été sortis tout droit d’un chapeau. Nous devons corriger ce déséquilibre et investir là où nous pouvons faire la différence en faveur du climat, pour plus d’efficience et de la qualité de vie, notamment dans des liaisons ferroviaires comme Genève-Lausanne, ou encore dans nos liaisons internationales.
L’élargissement des autoroutes déplacera la congestion routière vers les villes. Ce phénomène de trafic est bien connu: plus de routes attirent forcément plus de voitures. Cela crée des embouteillages encore plus importants dans les centres urbains, sacrifiant des espaces verts qui pourraient être utilisés pour améliorer la qualité de vie de nos villes, en donnant une place surdimensionnée à la voiture, au détriment des piéton·ne·s, des cyclistes et des transports publics.
Dans un contexte où la Suisse s’est engagée à réduire les émissions de CO₂ du secteur des transports de 57% d’ici à 2040, l’extension des autoroutes est en totale contradiction avec nos engagements. Les villes, comme Genève, se sont également fixé des objectifs de réduction du trafic et des émissions, et ce projet va dans le sens opposé. L’extension des autoroutes est un modèle polluant, dépassé et hors de prix.
Le 24 novembre, votons non à ces méga-autoroutes qui gaspillent nos ressources, nos paysages et nuisent à nos ambitions climatiques!