[OPINION] La BNS, notre banque nationale, n’appartient plus aux Suisses (selon le Conseil fédéral)
La banque nationale suisse, la BNS, n’aurait aucune responsabilité sur l’avenir de la population suisse. C’est ce qu’on lit entre les lignes d’un rapport publié dernièrement par le Conseil fédéral. Ses yeux sont en effet tournés vers l’étranger, vers de lourds investissements dans les énergies fossiles.
Une version courte de ce billet est paru dans le GHI du 17 novembre
À l’heure où nos glaciers et notre biodiversité sont menacés, à l’heure où les risques environnementaux, tels que les inondations ou les canicules, frappent notre pays, selon le Conseil fédéral, circulez il n’y a rien à voir, la BNS n’a pas de rôle à jouer dans l’urgence climatique. Nous savions que la BNS défendait une vision strictement financière de ses intérêts, mais au point de mettre de côté les propres intérêts de la Suisse, c’est un triste aveu !
Car la BNS est à ce point sacro-sainte qu’on la laisse aller à rebours du bon sens : elle continue d’investir dans le fossile alors que la Suisse a signé l’Accord de Paris. Elle investit dans le fossile importé de pays étrangers dont les intérêts anti-démocratiques sont l’inverse de ce que prône la Suisse. Elle investit dans le fossile, alors que la Suisse est un des pays les plus touchés par la hausse des émissions de CO2 climatiques avec la disparition des glaciers, la réduction de la biodiversité et la forte pression sur l’eau. Passéiste, anti-démocratique et anti-climat, est-ce vraiment la BNS que nous voulons ?
Pourtant, qui serait mieux placé que la BNS elle-même, qui n’a pas d’objectifs de bénéfices et dont les tâches ont un caractère public, pour adopter une politique d’investissement durable ? Si la BNS avait redirigé il y a 10 ans tous ces investissements vers des entreprises engagées dans la transition écologique, nous ne serions pas si dépendants aujourd’hui du prix du gaz russe par exemple sur lequel nous n’avons aucun contrôle.
Puisque le Conseil fédéral ferme les yeux sur le rôle important de la BNS, les Vert-e-s vont à nouveaux s’emparer de cette question en demandant que la BNS tienne compte dans sa politique d’investissement de l’évolution de la conjoncture certes, mais aussi des risques climatiques. Une évidence ! Mais aussi une manière de défendre les intérêts de la population suisse.
Delphine Klopfenstein Broggini